Après le phénomène du coworking, nous accueillons dans la même famille le coliving. Derrière ce nouveau concept, on retrouve les ingrédients qui ont fait le succès du coworking (la communauté, le partage, la mutualisation et la souplesse) et un objectif semblable : repenser la façon de voir l’immobilier grâce à une gestion active et servicielle des biens ! Le coliving, c’est une sorte de colocation nouvelle génération à laquelle on aurait ajouté une gamme de services hôteliers. Il intègre évidemment un volet technologique à la hauteur des attentes de sa cible principale, les jeunes actifs, très demandeurs de connectivité (et de WiFi !). Analyse de cette tendance née aux US, encore émergente en Europe mais qui pourrait rapidement se généraliser.
Le concept de coliving (ou “habitat partagé”) est un savant mélange de colocation, d’hôtellerie, de résidence gérée et d’appartement avec service. Tandis que le coworking a bouleversé l’approche de l’immobilier d’entreprise, le coliving veut quant à lui casser les codes de l’immobilier résidentiel avec son approche innovante du logement plug & play pour les personnes en transition (principalement les jeunes actifs mais également les étudiants et les jeunes séniors).
Le coliving est un modèle résolument urbain qui, comme la colocation, mise sur la mutualisation des espaces communs pour réduire les coûts. Il s’adapte ainsi parfaitement aux grandes villes dans lesquels le prix de l’immobilier est parfois un réel frein. La flexibilité des baux (de 1 mois à 1 an) et les facilités administratives (adieu les dossiers à rallonge) facilitent également l’accès au logement, y compris pour des personnes en transition.
La logique servicielle est le moteur de cette nouvelle solution de logement intégrée. En effet, le coliving, c’est un loyer tout compris (eau, énergie, ménage, laverie, réseau WiFi et même l’assurance habitation) pour un appartement privé entièrement équipé et un accès à des espaces communs.
Le coliving se démarque réellement grâce à la fédération et l’animation d’une communauté (les “colivers”) avec l’organisation d’évènements internes réguliers pour favoriser le lien social. Une gamme complète de services sur place (café-restaurant, salle de sport, espace de coworking, conciergerie…) peut également venir compléter l’offre de logement en coliving.
Illustration de l'aspect communautaire chez The Student Hotel
© thestudenthotel.com
En étudiant les spécificités du coliving, il est difficile de ne pas voir les similitudes avec les résidences étudiantes et résidences services, des concepts bien installés depuis de nombreuses années. Peut-on alors considérer le coliving comme une révolution à part entière ? Ne serait-ce pas qu’une évolution luxueuse des résidences gérées ?
Le coliving semble se positionner comme une nouvelle forme de résidence gérée visant des actifs plutôt jeunes (ou des personnes “en transition”), intercalée entre la résidence étudiante et la résidence séniors, un segment pas vraiment adressé jusque-là. Sa proposition de valeur paraît adaptée à sa cible, tout comme les tarifs associés. Les étudiants pourraient également se reconnaître dans le concept de coliving mais les loyers semblent un peu élevés pour leur porte-monnaie.
En pratique, on observe trois tendances de développement du coliving :
Le développement du coliving a engendré la création d’acteurs spécialisés comme The Babel Community, Sharies ou Colonies qui se revendiquent en tant qu'opérateurs de résidences de coliving. Toutefois, les opérateurs immobiliers déjà installés comptent bien prendre le train en marche et lancent leurs propres marques dédiées au coliving. C’est notamment le cas de Kley, spécialisé dans les résidences étudiantes, qui ouvrira son Urban Village fin 2022. Bouygues Immobilier et Vinci Immobilier ont également annoncé leurs projets de résidences avec leurs marques respectives Koumkwat et Bikube.
Le coliving inspire également les opérateurs d’hôtels et de résidences services dans leurs perspectives de modernisation. Le secteur de l’hospitality avaient déjà entamé cette mutation, par exemple avec l’apparition du coworking dans les hôtels. En y regardant de plus près, le coliving n’est-il pas également un dérivé du concept d’appart’hôtels ? Mama Shelter a par exemple ouvert un nouvel établissement à Luxembourg qui sera le premier à intégrer un Mama Works, la marque d’espace de coworking du groupe qui opère normalement sur des espaces indépendants des hôtels. Dans le secteur étudiant, le coliving représente une menace et implique d’adapter son offre pour ne pas se faire distancer. Nexity Studéa a lancé fin 2018 le déploiement de son nouveau concept de résidences pour toutes ses nouvelles ouvertures. Celui-ci sera aussi intégré dans les résidences existantes par l’intermédiaire de rénovations.
Nexity Studéa applique certains codes du coliving dans ses résidences
©pressroom.nexity.fr
Le modèle est assez unique, il s’agit de Station F. Le plus grand incubateur du monde (34 000 m2) est bien plus qu’un immense espace de travail pour rassembler les start-ups prometteuses. Avec La Felicità, Station F dispose d’une offre de restauration unique, pour le plus grand bonheur des entreprises hébergées par le campus. Depuis peu, le complexe Flatmates est venu enrichir l’offre de Station F d’un volet “hébergement” en mode coliving avec 100 appartements destinés à la colocation pour les entrepreneurs.
En analysant sous autre angle, on peut également souligner qu’à l’intérieur de ce segment de niche qu’est le coliving existent plusieurs formes de résidences qui se différencient sur les critères suivants :
Le cabinet Stonup dressait quant à lui une cartographie du secteur du coliving en 2018 (étude complète disponible ici) autour de 5 orientations : communauté, lifestyle, mobilité, travail et coût.
© Stonup
Quelques exemples pour illustrer la variété déjà présente dans l’offre de coliving :
1/ The Student Hotel est un précurseur sur le marché international du coliving. Le premier établissement fut ouvert en 2012 avec la volonté de créer une nouvelle forme d'accueil pour les étudiants. Aujourd'hui, contrairement à ce que son nom pourrait laisser entendre, The Student Hotel défend un concept de "hybrid hospitality" et ne se limite plus aux étudiants en long-séjour. Les établissements TSH accueillent également des voyageurs d'affaires, des touristes, des travailleurs et quiconque souhaiterait profiter des services offerts. C'est à la fois un hôtel, une résidence étudiante, un espace de coworking, des espaces de séminaires et des espaces de détente (restaurant, bar, piscine...).
2/ Outsite est un acteur international du coliving avec une orientation particulière vers les professionnels qui travaillent à distance : salariés en télétravail, freelances, créatifs, etc. Il s'inscrit dans le développement de cette nouvelle forme de travail, encore en pleine expansion aujourd'hui. Outsite crée des environnements uniques pour vivre (coliving), travailler (coworking) et créer des relations humaines (community). Grâce à son réseau mondial, Outsite touche également une clientèle plus nomade qui souhaite vivre et travailler où elle veut, tout en effectuant des rencontres.
3/ La Casa crée des résidences de coliving thématique en bordure de Paris avec une capacité d’accueil d’une quinzaine de chambres. On trouve la Casa des Sportifs (avec salle de sport intégrée), la Casa Wellness (avec espace détente et jardin zen) ou encore la Casa des Chefs (cuisine suréquipée, cave à vins et préparation du CAP cuisine intégrée).
Partie intégrante du loyer tout compris, le WiFi en coliving est un élément sur lesquels les opérateurs immobiliers ne doivent pas transiger. Le logement et la connectivité sont devenus indissociables et la tendance ne risque pas d’inverser.
Leader français du WiFi managé sur tous les secteurs de l’hébergement collectif, nous sommes bien placés chez Wifirst pour savoir que la connectivité est devenue un sujet critique pour satisfaire les résidents, que ce soit sur des formats de court-séjour ou de long-séjour. Etienne Détrie, Directeur Marketing de Wifirst
Les nouvelles tendances de consommation de contenu demandent une bande-passante toujours plus importante. C’est notamment le cas avec la multiplication des terminaux mobiles, le boom des services OTT et l’émergence du cloud gaming. Certains opérateurs de coliving offrent même des abonnements Netflix et Spotify à chacun des locataires.
En parallèle, l’IoT se généralise dans les logements. On parle ainsi de Smart Home (NDLR : Maison intelligente) ou encore de “chambre connectée” dans un contexte plus hôtelier. Au-delà des applications liées au divertissement (Smart TV, chromecast, enceinte, montre, etc), cela devient d’autant plus concret lorsqu’on ajoute les usages domotiques qui vont permettre d’optimiser la consommation énergétique, la sécurité et le confort du logement grâce à l’automatisation et aux contrôles à distance.
La connectivité WiFi est également un sujet primordial dans les espaces communs des résidences de coliving, notamment lorsqu’ils incluent un espace de coworking. Les besoins de bande-passante et la densité d’utilisateurs y sothent généralement élevés. Les modes d’accès au réseau doivent également être variés pour répondre aux différentes typologies de clients :
Équiper une résidence étudiante en WiFi demande une véritable expertise. Équiper un espace de coworking également. Chacun de ces établissements requiert également des accès à internet très robustes car ils seront soumis à rude épreuve. En résumé, les résidences de coliving doivent se doter d’infrastructures réseau de pointe pour proposer un service de qualité. Vincent Guilbeau, directeur des opérations Wifirst
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